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15/09/2023Les savoureux arômes de Tekura
Dans le fa'a'apu de Tekura Aunoa à Papara, ça sent bon le romarin, la citronnelle, l’origan ; le basilic... La jeune fille y cultive des plantes aromatiques pour la marque qu’elle a lancée il y a plusieurs mois maintenant, Arôme’s Tahiti.
Tekura Aunoa ouvre délicatement avec ses doigts une petite fiole remplie de feuilles de bois d’Inde séchées. Pas besoin de se pencher trop près pour sentir la bonne odeur d’arômes légèrement épicés qui se dégage instantanément du flacon en verre. C’est là, dans son fa'a'apu d’un peu moins d’un hectare situé au milieu du terrain familial à Papara, que la jeune Tahitienne passe le plus clair de son temps. « J’ai déjà planté une dizaine de variétés de plantes », précise la jeune fille en montrant les rangées de buissons de basilic, de romarin ou encore d’estragon. « J’adore y passer mes journées », confie-t-elle, enthousiaste.
Il y a presque un an déjà, la native de Papara a franchi le cap et lancé sa marque Arôme’s Tahiti, pour commercialiser les aromatiques qu’elle cultive. « L’an dernier, un ami, 'Auro, m’a proposé de vendre sur son stand les préparations aromatiques que je fais pour assaisonner les plats ou que je prépare pour être consommées en infusion. Cela a très bien marché, j’ai eu un bon retour, alors cela m’a encouragée et j’ai décidé de continuer dans cette voie. Et cela me plait vraiment ! » Si son fa'a'apu remplit de bonheur Tekura, cela n’a pas toujours été sa tasse de thé… « Quand j’étais enfant, après l’école ou le week-end, il fallait toujours aller aider mon grand-père dans son fa'a'apu. Il cultivait le noni pour Moringa. Il fallait désherber, arroser, récolter, je n’aimais vraiment pas cela. Ma mère cultive aussi de la vanille, il fallait aussi l’aider à désherber sa vanilleraie », avoue-t-elle, dans un sourire malicieux.
Un stage dans une ferme permacole en France
Après son bac, la jeune femme décide donc de ne pas s’orienter vers la culture et l’agriculture, mais préfère s’inscrire à l’université de Polynésie française pour y étudier la géographie. « C’est une matière que j’aimais bien à l’école, alors j’ai décidé de suivre une licence de géo. Je voulais un travail, et tout ce qui va avec. Je reconnais que mes études m’ont appris beaucoup de choses notamment sur l’environnement (...). Mais j’ai perdu mon frère, il allait avoir 18 ans… Ça a été un choc qui a transformé ma vision de la vie. Les priorités que j’avais ont changé progressivement (...). Après ma licence, je suis partie à Grenoble pour poursuivre en master, mais je n’avais pas très envie. Cela ne m’a pas plu, et j’ai décidé d’arrêter. Avant de rentrer en Polynésie, j’ai eu l’occasion de faire un stage en France dans une ferme permacole près du Creusot, j’ai trouvé cela vraiment très intéressant. J’ai appris les différentes techniques de permaculture et mon copain de l’époque était très branché dans ce domaine. J’ai vraiment aimé ce contact avec la nature », explique Tekura.
À l’étroit entre les murs d’un bureau
De retour au fenua, la jeune fille trouve du travail dans une entreprise comme chargée d’étude dans le domaine de l’environnement, mais la vie de bureau ne lui convient pas. Elle se sent vite à l’étroit entre les murs et rêve d’un grand open space : en plein air ! Tekura décide alors de changer de voie pour un retour aux sources. Elle prend contact avec la Direction de l’agriculture, mais avec la superficie de moins d’un hectare dont elle dispose, peu d’options lui sont proposées. « Ma tante me laisse exploiter cette belle parcelle de terre. Je voulais faire du noni ou du maraichage permacole, mais la Dag m’a dit que la surface n’était pas assez grande pour cela. Je ne savais plus trop quoi faire… », raconte Tekura.
Et, comme souvent dans la vie, le hasard y met du sien. « Je me souviens, c’était un 1er janvier, on se baignait dans le lagon ; 'Auro, le préparateur en vanille de ma mère, m’a dit : “Pourquoi tu n’essaies pas les plantes aromatiques, les épices ?” » Vite convaincue par l’idée, elle se lance dans des recherches sur Internet, se renseigne sur l’adaptabilité des espèces au climat tropical. « J’ai suivi les vidéos de ‘La cabane à plantes’, j’ai pris plein de conseils. J’ai choisi des plantes aromatiques et bonnes pour la santé. Je les ai aussi sélectionnées sur leur facilité à être cultivées, car je suis autodidacte. Je plante en fonction de la lune et de la météo, je ne mets pas de produits chimiques », précise la jeune femme.
Sels de Tuamotu aromatisés au romarin, à l’estragon
Une fois développés, les aromatiques ont pu être récoltés et coupés. « Le mieux, c’est quand il a bien plu quelques jours avant, comme cela les plantes sont bien propres et on les coupe au bout de trois jours », explique-t-elle. Tekura les fait ensuite sécher de façon naturelle. Pour certaines plantes comme le basilic, elle doit auparavant l’effeuiller puis le faire sécher dans des sacs de papier Kraft pendant trois à cinq jours. Pour d’autres, comme le romarin, elle les rassemble en bouquet qu’elle suspend avant de les réduire en poudre une fois bien sec.
Mais Tekura doit aussi jongler avec les aléas climatiques. « Pour l’instant, je dois faire confiance au temps, ce n’est pas toujours facile. Je suis en train de faire construire un abri avec un toit pour les préserver de la pluie et du soleil et qu’ils ne grillent pas, ce sera plus simple », confie la cultivatrice en herbe. « Cela prend pas mal de temps, c’est artisanal. Je me suis aussi lancée dans différentes préparations. Pour cela, j’ai vérifié les spécificités, les bienfaits de chaque plante, j’ai fait des essais, des tests, notamment pour les infusions, j’en propose plusieurs. Je me suis aussi lancée dans la préparation de sels locaux que j’aromatise au romarin ou à l’estragon par exemple, et je fais aussi des achards de papaye ou du rougail », explique Tekura, qui souhaite continuer à diversifier ses plantes et sa production, en particulier avec les épices.
Arôme's Tahiti
Quelques-uns des produits proposés :
- Le sel des Tuamotu au romarin
- Le sel des Tuamotu à l’estragon
- Le sel à la vanille et au clitoria
- Le sel « fou » composé de bois d’Inde, romarin et estragon
- Du moringa séché
- Du romarin séché
- L’Infusion Tere'ai : à l’estragon, moringa, miri taratoni, menthe. Elle est digestive, relaxante pour la nuit
- L’infusion Fa'aitoito : au moringa, romarin, miri tulsi. Elle est énergisante et booste toute votre journée !