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18/04/2024Le bonheur est dans le poulailler pour Vaihere Mollard-Lehartel
C’est à Papara que Vaihere Mollard-Lehartel a construit son poulailler connecté. Elle y élève des petits poussins pour qu’ils deviennent de bons coquelets et poulets de chair qu’elle vend sur le marché local.
Après avoir travaillé comme hôtesse de l’air, à la distribution des journaux du Groupe La Dépêche ou encore dans le domaine des assurances, Vaihere Mollard-Lehartel a troqué les talons et les tenues de bureaux pour un style très différent : celui d’éleveuse de volailles. Ce choix, Vaihere ne l’a pas fait par hasard et surtout pas par défaut. « Quand j’étais enfant, comme souvent en Polynésie, on avait des poules, des coqs chez nous, et j’ai toujours aimé les volailles depuis que je suis toute petite », raconte-t-elle avec un enthousiasme non feint. Et cette passion ne l’a jamais quittée. « Avec mon mari, on a cinq poules pondeuses chez nous, on a toujours des œufs frais à la maison (...). Je cherchais ce que je voulais faire, et comme j’adore les volailles, mon mari m’a proposé d’élever des poules pondeuses, mais cela prend cinq à six mois d’élevage avant de ramasser les premiers œufs. J’ai vu Adrien Chin, qui fait du poulet de chair à Tahiti. J’ai commencé par acheter 30 poussins pour les élever et j’ai testé dans la buanderie chez moi, au fin fond du jardin à Faa΄a, c’était en juillet 2022. Cette expérience m’a tout de suite plu et j’ai recommencé. J’adore le cycle des poussins, chaque cycle est différent, donc j’ai l’impression de revivre une nouvelle histoire à chaque fois. » Même si elle avoue aussi que, pendant les premiers mois, amener ses coquelets et ses poulets à l’abattoir était douloureux. « Je pleurais à chaque fois et je ne pouvais surtout pas les manger (...). Après il faut bien vivre et gagner de l’argent, mais c’était difficile », avoue-t-elle avec lucidité avant de poursuivre : « Le bouche à oreille a fonctionné, j’ai commencé à avoir de la demande, le marché du coquelet n’est pas répandu en Polynésie, les Polynésiens ne le connaissent pas bien, alors que c’est une viande très tendre. C’est une niche intéressante à développer. »
Des poussins de la race des cobb 500
Forte de ses premiers essais et des premiers cycles de cinq semaines environ, celle qui n’était alors qu’une éleveuse en herbe décide de donner une autre dimension à son projet. « J’ai pris contact avec une entreprise en Nouvelle-Zélande, on est allés les voir pendant nos vacances et cela s’est transformé en voyage d’affaires. On fait venir des poussins de la race des Cobb 500, ce sont des grands fournisseurs de poulets de chair dans le monde. On fait voyager nos poussins à J+1 en avion, je viens les récupérer à l’aéroport après le passage de la douane et de la biosécurité. Ensuite, je les amène dans mon poulailler à Papara et je les mets en poussinière avec des lampes chauffantes », explique la quadragénaire.
Un poulailler test connecté
Car, effectivement, la buanderie de la maison familiale est devenue au fil des mois trop exiguë et Vaihere a déménagé ses volailles à Papara, sur un terrain où sa grand-mère, Mata Dauphin, avait installé autrefois une porcherie. Mais, avant, l’éleveuse a dû réaliser de nombreux travaux pour transformer l’ancienne porcherie à l’abandon en un poulailler test connecté. « Il a fallu faire des investissements financiers. J’ai mis des lampes, des ventilateurs, des thermomètres, installer des caméras pour surveiller que les volailles vont bien, je peux tout diriger de mon smartphone », fait remarquer avec sourire Vaihere en montrant l’application qui permet de gérer son poulailler. Avant de poursuivre avec sérieux : « Le problème en Polynésie, c’est la chaleur, l’humidité. Il faut faire très attention aux maladies, donc je surveille tout. On n’est jamais au repos », insiste-t-elle.
« Je ne les pique pas aux hormones »
Et c’est là, dans ce poulailler connecté, que Vaihere élève ses poussins, un engagement de chaque instant. Il faut se lever tôt, comme les poules. Chaque jour, elle doit nettoyer et renouveler les copeaux de bois non traités qui recouvrent le sol du poulailler. Ensuite, et c’est l’une des parties les plus importantes, il faut bien nourrir toutes ces bouches et surtout souvent. « Je les nourris quatre fois par jour, c’est plus de 100 kilos de nourriture par jour. Je ne les pique pas aux hormones ou aux antibiotiques pour qu’ils aient des cuisses énormes », souligne-t-elle. Une fois que les poulets ont atteint le poids de 1,6 kilo avec plumes (environ 1, 2 sans les plumes) et les coquelets 1,2 kilo (environ 800 g sans), ils sont envoyés vers l’abattoir de Papara pour être ensuite vendus localement.
Actuellement, sur un cycle de quatre à cinq semaines, elle élève environ 1 000 volailles par mois, 300 destinés à être coquelets et 700 en poulets. Elle espère dans le futur augmenter sa production et monter jusqu’à 2 000 voire 2 500 poussins par mois. Pour cela, l’éleveuse investit dans la construction de cinq nouveaux poulaillers de 30 m2 avec une partie en plein air, qu’elle a commandés en Espagne. Ils seront installés à côté sur un terrain de 2 700 m2. « Je prévois des cycles de coquelets-poussins toutes les deux semaines », explique Vaihere, qui, jamais à court d’idées, aimerait aussi lancer un jour une gamme de poulets fermiers.