Une bouilloire, des petits bols alignés les uns à côté des autres, Laurence Gillet verse avec délicatesse de l’eau chaude sur quelques feuilles de thé posées dans un bol, puis attend quelques instants avant de verser dans un autre petit bol. Les gestes sont précis et impressionnent même par leur minutie. « Je suis Tahitienne avec des origines chinoises. Dans ma jeunesse, il y avait toujours une bouilloire de thé dans un coin de la maison. Après mon bac, je suis partie étudier en France la littérature et le chinois. C’est lors de mon premier séjour à Pékin en 1998 que j’ai découvert l’univers du thé. C’était dans une boutique, les deux filles étaient curieuses de mon accent français et moi de la façon dont elles servaient le thé. J’ai été complétement fascinée. J’ai acheté le kit complet », raconte Laurence Gillet. Et il sera suivi de très nombreux autres. Car Laurence se passionne immédiatement pour cette boisson aromatique aux vertus thérapeutiques qui trouvent ses racines dans la Chine ancienne. « Après la naissance de mes enfants, j’ai décidé de changer de voie et de travailler dans le domaine du thé. J’ai travaillé pour le Palais du Thé puis chez George Cannon, un spécialiste très réputé du thé en France. C’était très intéressant. », précise-t-elle. 

Vin et thé, un même vocabulaire

Après cette longue expérience de sept ans, Laurence Gillet décide de voler de ses propres ailes et crée Seasonalitea, une société de vente en ligne de thé. « J’avais envie d’aller à la rencontrer des producteurs (...). Il y a énormément de similitudes entre le vin et le thé, on utilise le même vocabulaire. Les terroirs, les cépages, le climat…, tout cela influence le thé, lui donne des saveurs différentes. Il y a des thés verts, des thés blancs, des thés noirs, des thés oolongs… », explique l’œnologue, qui se spécialise dans les thés de niches récoltés par les petits producteurs, respectueux de la nature. « Je les sélectionne au nord du Vietnam, au Japon, à Taïwan. Chacun des thés que je propose a vraiment une qualité gustative spécifique. Un proverbe chinois dit qu’une vie ne suffit pas à connaitre tous les thés », lance Laurence Gillet dans un grand sourire, avant de verser de nouveau un peu d’eau chaude sur des feuilles de thé oolong de Taïwan, très recherché.