Si vous cherchez des soft drinks lambda, tracez votre chemin, ce n’est pas chez Tāmata Soft Drinks que vous les trouverez. À la tête de cette toute jeune marque de soft drinks, Mathieu Daumont a déjà pas mal de bouteille dans le domaine des boissons. « Mon grand-père était vigneron, je suis tombé dedans enfant », lance-t-il d’emblée dans un franc sourire. 

Pris par le virus familial, l’homme a fondé, il y a trois ans à Tahiti, la brasserie Matavai, une marque de bière locale 100 % artisanale. Véritable touche-à-tout passionné, l’entrepreneur n’est jamais à court d’idées. La dernière en date : la fabrication de softs drinks locaux et artisanaux. « Cela fait un an que j’ai commencé à y penser. Déjà, tout simplement, parce que j’aime bien ça, confie-t-il les yeux pétillants avant de poursuivre, quand on crée des spiritueux locaux et artisanaux, je trouve que c’est mieux de les accompagner avec des softs locaux et artisanaux. Pourquoi n’y en aurait-il pas des fabriqués ici ? », interroge-t-il avec bon sens. Mais encore pour cela faut-il trouver la bonne recette et les bons ingrédients ! 

Des plantations de quinquina à Tahiti dans les 1930-40

Fort de cette évidence, l’homme est parti à la pêche aux idées et aux infos et il n’a pas été déçu… « Je cherchais des infos sur la quinine extraite de l’écorce de quinquina, c’est le produit de base pour fabriquer du tonic, même s’il est aussi possible d’en faire à partir de gentiane. J’ai lu le livre sur les Plantes utiles de Polynésie de Paul Pétard, le docteur en pharmacie, c’est une vraie bible. J’ai trouvé qu’il y a avait eu des plantations expérimentales de quinquina à Tahiti dans les 1930-40 sur les hauteurs de la Fautaua et Taravao. Elles ont été par la suite abandonnées, sans doute à cause de la guerre », détaille-t-il. 

Il n’en faut alors pas plus à cet “aventurier” pour se lancer. Il rencontre le botaniste Jean-François Butaud pour en apprendre davantage. Ce dernier lui confirme la présence de ces arbres à Tahiti, dont une espèce classée comme invasive. Mathieu Daumont se renseigne ensuite du côté de la Direction de l’agriculture (DAG) et de la Direction de l’environnement (Diren) pour la faisabilité, dont les autorisations nécessaires pour son projet. Une fois, ces démarches administratives réglées, il obtient ensuite l’accord du propriétaire d’un terrain où il est susceptible de trouver ce qu’il cherche. 

Un morceau d’écorce prélevé avec soin

Chaussures de rando et Opinel en main, il s’aventure alors dans les hauteurs de Taravao. Après une bonne marche, il trouve le trésor recherché : des quinquinas. Reconnaissables à leurs feuilles rouges, ils sont bien là ! Avec délicatesse et parcimonie, Mathieu prélève quelques morceaux de l’écorce qu’il ramène précieusement. Débute alors la phase de tests. « J’ai fait les essais avec un ami, Olivier Duret, qui est agriculteur et distillateur sur l’île de Taha’a. L’idée est que ce tonic artisanal et local accompagne le gin artisanal Va’eva’e qu’Olivier a distillé », précise-t-il. Mais, même pour ces deux professionnels expérimentés dans les liquides, l’accord parfait ne coule pas de source immédiatement. Il faudra aux deux hommes une bonne vingtaine de tests pour faire matcher les deux boissons ensemble. 

« Pour la première production, on a sorti 2 000 bouteilles de tonic, c’est une goutte d’eau, bien sûr, dans le secteur des softs. Notre idée n’est pas d’en faire une production de masse, mais un produit local artisanal et bon », lance Mathieu, qui a déjà dans un coin de sa tête, quelques idées pour d’autres soft drinks artisanaux et locaux.