Le gin est une boisson spiritueuse, une eau-de-vie neutre aromatisée avec des baies de genièvre. Pour créer un gin, la législation impose la baie de genévrier. Ensuite, il est possible d’ajouter tous les d’ingrédients souhaités.
Une botanique locale intéressante
Olivier Duret a d’abord développé le rhum Mama'o avec plusieurs passionnés avant de créer Va'eva'e. Le terme signifie « clair de lune » en tahitien, il se traduit par moonshine en anglais. Un petit clin d’œil aux contrebandiers qui produisaient et distribuaient du whiskey, les Moonshiners. Après l’aventure rhumesque, « c’est peu le côté pirate de l’opération », plaisante Olivier Duret. « Le gin est d’une certaine façon facile à produire, car il peut se faire rapidement », poursuit-il. Et puis, tous les ingrédients se trouvent à portée de main à l’exception de la baie de genévrier. « On a une botanique locale intéressante », résume-t-il en citant le miri, la racine de curcuma, le gingembre, les quatre épices ou encore le poivre dont la culture se développe.
Va'eva'e a mis au point deux gins polynésiens. Il y a d’une part une version classique fabriquée à partir d’alcool de canne à sucre, d’eau, de baies de genièvre, de coriandre, d’amandes amères, de racines d’angélique et de réglisse. La canne est un peu moins aromatique que les variétés anciennes polynésiennes. « Ce gin peut être utilisé dans tous les cocktails. » D’autre part, Va'eva'e propose un Polynesian gin, fabriqué à partir de produits du fenua (à l’exception de la baie de genévrier) dont le miri, le gingembre, le curcuma ou encore le concombre. « Celui-ci ne fonctionne pas avec tous les cocktails, il apporte, par exemple, un peu trop d’amertume et de lourdeur au Negroni. »
En septembre 2023, Va'eva'e a annoncé que toute sa gamme de spiritueux était certifiée biologique. En février 2024, l’équipe s’est illustrée au Salon de l’agriculture dans la catégorie « Gin français distillé à l’alambic » en remportant la médaille d’argent. « J’ai hâte que d’autres personnes se lancent pour dynamiser le marché », conclut Olivier Duret.
Du tonic pour le gin
En attendant, il est toujours possible de déguster un gin tonic local. « Pour aller plus loin, on a travaillé avec la brasserie Matavai pour sortir un tonic. » Le projet de tonic a fait remonter à la surface une histoire tombée dans l’oubli.
En 1937, le ministère des Colonies a demandé au gouverneur des Établissements français de l'Océanie « de faire connaître d'urgence si la culture des quinquinas mérite d'être entreprise en Océanie et dans quelles conditions ».
La quinquina étant alors, à la base, de la quinine qui, certes entre dans la composition du tonic, mais qui sert également à lutter contre le paludisme. Trois types de semences sont arrivés en septembre 1938 et plantées à la Fautaua, au pied du mont Aorai et à Afaahiti. La croissance des plantes a été très rapide, les arbres à quinquina étant parfaitement acclimatés à Tahiti.
Le développement de plantations en vue d’une exploitation commerciale semblait possible, mais tout fut abandonné. Quelques pieds ont subsisté.
Mathieu Daumont de la brasserie Matavai s'est intéressé, lui, au marché des soft drinks.
L'entrepreneur a eu envie de créer un tonic « d'abord par goût », mais aussi pour respecter une recette artisanale et des circuits courts. Il a pu, après quelques recherches et après avoir obtenu les autorisations requises, mettre au point sa recette locale de tonic.
Les amateurs ont donc tout ce qu’il faut pour déguster un gin tonic entièrement local, ce cocktail alcoolisé à base de gin et d’eau tonique, parfois accompagné d’une tranche de citron, de citron vert ou de concombre, et servi avec de la glace. Une bonne idée pour les fêtes… à déguster avec modération.
Hotu, le gin signé Manutea
Pour concevoir sa boisson, l’équipe Manutea a visité des distilleries en France et s’est rapprochée d’un herboriste. Elle a réalisé divers tests avant de mettre au point une recette locale qui n’utilise qu’un seul produit importé, les baies de genièvre.
Le bouquet d’agrumes que l’on sent au premier nez est composé de citron vert, pamplemousse et combawa. Le fruit de la passion apporte un complément aux notes citronnées.
La citronnelle, le miri, le tiare tahiti apportent un petit côté capiteux, curcuma et gingembre déposent une touche finale. Le premier gin Hotu a été officiellement présenté en octobre 2023 après plusieurs semaines de préparation. Il est issu d’une double distillation dans un alambic traditionnel en cuivre.
Depuis, des déclinaisons ont vu le jour comme une version Old Tom Noël en édition limitée. Cette déclinaison, vieilli 12 mois dans un fût de chêne américain ex-Bourbon, a été agrémentée d’une touche de miel de Moorea. Et ce n’est pas terminé, les recherches se poursuivent pour le plus grand bonheur des amateurs.
Envie d'une délicieuse recette d'Olivier Duret ?